Information du : 19/08/2024

Cycle Luc Moullet

Nous ouvrons la nouvelle saison répertoire avec une rétrospective de quatre films consacré à l'iconoclaste, inclassable et indispensable Luc Moullet. A suivre en 2025, un cycle consacré au western italien et un focus duos / duels qui promet autant de frissons que d'émotions !

Luc Moullet a commencé à écrire pour Les Cahiers du Cinéma en 1956 à l'âge de dix-neuf ans. Il passe rapidement à la réalisation en 1960 avec Un steack trop cuit mais doit attendre six ans avant de signer son premier long, Brigitte et Brigitte. A partir de cette date, il ne va cesser de tourner et compte à son actif près d'une quarantaine de films, dont de nombreux courts, l'économie de ce format lui convenant si bien qu'il fait partie de ces rares réalisateurs qui ne délaissent pas ce format après leur passage au long. Dans l'univers de Moullet, l'humour et l’absurde sont rois et les faux-semblants sont érigés en règles physiques. Lorsqu'il choisit la forme documentaire, il pose un regard décalé sur le monde, si bien que ce quotidien qui nous apparaît si banal se révèle sous sa caméra dans toute sa folie et son absurdité.

Issu d'une classe très populaire ("un bisaïeul ne possédant que quelques poules et moutons, un grand-père facteur, une grand-mère concierge, l'autre bonne de curé, un père représentant de commerce..."), Moullet est habitué à vivre chichement. C'est ainsi qu'il produit ses films qui se font avec une grande économie de moyens, beaucoup de bricolage et d'ingéniosité.

BRIGITTE ET BRIGITTE (1966)

Brigitte (Colette Descombes) et Brigitte (Françoise Vatel) sont deux jeunes provinciales montées à Paris pour faire leurs études. Qui se ressemble s'assemble, elles deviennent bientôt inséparables et découvrent ensemble la capitale. Brigitte rencontre Léon (Claude Melki) et Brigitte Jacques (Michel Gonzalès).

Un humour décalé et ironique caractérise le premier long métrage léger et insolent de Luc Moullet... et plus largement sa carrière de cinéaste et de critique. C'est ainsi qu'il se moque se moque à tout va, un coup à droite, un coup à gauche. Un coup sur les étudiants, un coup sur les professeurs d'universités, notre cinéaste s'amusant à en incarner un en doublant sa voix et en forçant bien sûr le trait sur le jargon utilisé jusqu'à transformer ses interventions en délicieux charabia. Les cours à l'université sont de vrais régals, tout comme visite de Paris, autre passage savoureux où les Brigitte éclairent d'un jour nouveau les monuments mille fois vus par la grâce de leurs commentaires frais et naïfs.

Brigitte et Brigitte
pose ainsi très clairement et avec humour les bases du cinéma de Luc Moullet, que ce soit en termes de philosophie de tournage (à l'économie, toujours), de ton, d'esprit. C'est un film de cinéphile fou qui sait rendre sa passion aussi accessible que contagieuse.

ANATOMIE D'UN RAPPORT (1976)

Sexuellement, plus rien ne va entre elle (Marie-Christine Questerbert) et lui (Luc Moullet). S'engage alors dans le couple une longue discussion autour de la question des rapports hommes-femmes, de la place du sexe dans la vie. Une discussion qui prend souvent les allures d'une joute.

Influencé par La Maman et la putain de son ami Jean Eustache, Moullet a envie de parler des rapports intimes d'un couple et plus largement de voir comment les agitations de l'époque - entre discours du MLF et libération sexuelle - influencent une histoire d'amour. L'idée est aussi simple qu'audacieuse : deux personnes à l'écran qui mettent des morceaux de leurs vies (réels ou fantasmés) dans le film. A l’image du carton très simple qui fait office de générique (simple, sans fioritures, c’est la présentation-signature typique des films de Moullet), Anatomie d’un rapport reprend peu ou prou le même dispositif minimaliste du premier court métrage du cinéaste, Un steak trop cuit : une table, des repas, des bières, un lit, un homme (Luc Moullet) et une femme (Marie-Christine Questerbert, l'héroïne de son western Une aventure de Billy le Kid). Et c’est parti pour une discussion ininterrompue, conflictuelle et houleuse autour de l’amour, de la société, du capitalisme et du sexe bien entendu !

La liberté de ton, la liberté surtout avec laquelle Luc Moullet traite de la question du sexe - simplement, en faisant fi des tabous et de la retenue - fait à l'époque l'effet d'une petite révolution. Alors que le sexe est omniprésent - c'est l'explosion du cinéma X - il y a par contre très peu de films à parler naturellement de la chose sexuelle. Très peu de films aussi à mettre les personnages au même niveau que le spectateur, à filmer le quotidien, la banalité des engueulades et de l'amour.

GENÈSE D'UN REPAS

Luc Moullet, partant du repas qu'il partage avec Antonietta Pizzorno, remonte la filière des aliments présents sur la table : une boîte de thon, une omelette et des bananes. Ce faisant, il décortique les mécanismes du libéralisme et livre un constat effrayant sur la société moderne.

Le film s’ouvre, comme Anatomie d'un rapport, sur un couple à table. On retrouve donc Moullet acteur mais cette fois-ci accompagné par Antonietta Pizzorno qui remplace Marie-Christine Questerbert. Dans Anatomie d'un rapport, le couple était face à face, chacun prêt à en découdre avec l’autre sur la question du sexe. Ici, ils sont placés côte à cote, face au spectateur, prêts à en découdre avec ce qui se présente dans leurs assiettes. De la même façon qu’il explorait de fond en comble la question du sexe dans son précédent film, le réalisateur va ici se lancer dans une nouvelle enquête d’envergure : comprendre d’où vient ce que l’on mange.

« Du thon, une omelette et des bananes. Vous ne savez pas ce que c’est, moi non plus […] pour le découvrir, j’ai demandé quarante millions de centimes à un organisme, le CNC. Il le mes a donnés. » Une phrase d’introduction qui résume assez bien la méthode Moullet : aller au bout d’un sujet, jusqu’à l’épuiser ; afficher que l’on est devant un film en en montrant les mécanismes ; mettre sur la table la question de l’économie du cinéma, de ce que coûte la fabrication d’un film.

Moullet développe en cinéma ce que lui a conseillé François Truffaut lors de son passage au Cahiers du Cinéma concernant la critique de film : partir d'un détail pour ensuite aller au général. C’est une méthode que l’on retrouve tout au long de son œuvre et qu’il applique ici pour la première fois. Il part de trois aliments (la banane, le thon et l’omelette) et va remonter toute la chaîne industrielle qui les a amenés dans son assiette, le but étant au final de décortiquer les principes même du capitalisme.

Ce qui frappe le spectateur aujourd’hui, c’est l’absolue actualité du film. Les problématiques de cette fin des années 70 sont exactement les mêmes que celles qui nous occupent actuellement. Si le capitalisme financier s’est durci depuis trois décennies, les multiples documentaires que l’on a pu voir ces dernières années dans les salles de cinéma traitant du même sujet (We Feed the World et Let’s Make Money d’Erwin Wagenhofer, Notre pain quotidien de Nicolaus Geyrhalter...) amènent au même constat, Moullet se démarquant peut-être par un discours plus violent et direct que celui des réalisateurs cités.

LA COMÉDIE DU TRAVAIL (1987)

Françoise Duru, employée d’une agence pour l’emploi, est amoureuse d’un chômeur. Elle fait tout pour lui trouver du travail, alors que chômer est son seul but.

"La Comédie du travail est une drôle de comédie. Sur le chômage, il n' y avait que Luc Moullet, ancien critique drolatique des Cahiers du Cinéma et cinéaste obsessionnel, pour tenter un film pareil. Dans la lignée d' Une Aventure de Billy the Kid et d' Anatomie d'un Rapport, La Comédie du Travail est un nouvel essai de dinguerie noire. Portrait de sans emplois, de ceux qui cherchent à leur en redonner, sarabandes d'attitudes et de gestes banals, méditation démente et documentée sur les accros du boulot" LIbération

CYCLE LUC MOULLET
Dans 16 salles du réseau
de septembre à fin décembre

En partenariat avec

  • Le Kerfany, Moëlan sur Mer
    17/09

    Le Grand Bleu, Carhaix
    à dater

    Le Jeanne d'Arc, Gourin,
    à dater

    Arthus Ciné, Huelgoat
    à dater

    La Salamandre, Morlaix
    à dater

    Le Douron, Plestin les Grèves
    à dater

    Le Dauphin, Plougonvelin
    à dater

    L'Iris, Questembert
    à dater

    Le Cinémanivel, Redon
    à dater

    Le Vauban II, St Malo
    à dater
  • Le Kerfany, Moëlan sur Mer
    08/10

    Le Grand Bleu, Carhaix
    à dater

    Le Jeanne d'Arc, Gourin,
    à dater

    Le Cinéma des familles, Groix
    à dater

    Arthus Ciné, Huelgoat
    à dater

    La Salamandre, Morlaix
    à dater

    Le Douron, Plestin les Grèves
    à dater

    L'Iris, Questembert
    à dater

    Le Cinémanivel, Redon
    à dater

    Le Club 6, St Brieuc
    à dater

    Le Vauban II, St Malo
    à dater
  • Le Kerfany, Moëlan sur Mer
    12/11

    Le Ciné Roch, Guéméné S/ Scorff
    semaine du 13/11

    Le Jeanne d'Arc, Gourin
    à dater

    Le Cinéma des familles, Groix
    à dater

    Arthus Ciné, Huelgoat
    à dater

    La Salamandre, Morlaix
    à dater

    Le Douron, Plestin les Grèves
    à dater

    Le Dauphin, Plougonvelin
    à dater

    L'Iris, Questembert
    à dater

    Le Cinémanivel, Redon
    à dater

    Le Club 6, St Brieuc
    à dater

    Le Vauban II, St Malo
    à dater
  • Le Kerfany, Moëlan sur Mer
    10/12

    Le Ciné Roch, Guéméné S/ Scorff
    semaine du 12/12

    Le Grand Bleu, Carhaix
    à dater

    Le Jeanne d'Arc, Gourin
    à dater

    Le Cinéma des familles, Groix
    à dater

    Arthus Ciné, Huelgoat
    à dater

    La Salamandre, Morlaix
    à dater

    Le Douron, Plestin les Grèves
    à dater

    L'Iris, Questembert
    à dater

    Le Cinémanivel, Redon
    à dater

    Le Club 6, St Brieuc
    à dater

    Le Vauban II, St Malo
    à dater