Information du : 02/09/2024

BUSHMAN : Rencontres avec Alice Leroy, chercheuse et enseignante

Du 14 au 18 novembre nous recevrons la chercheuse et enseignante Alice Leroy qui viendra nous parler de Bushman, long métrage réalisé en 1971 et resté jusqu'ici inédit en salle. Une pépite redécouverte grâce à Malavida et qui s' avère être l'un des plus beaux films de l'année, d'une actualité et d'une acuité sidérantes !

En 1968, Martin Luther King est assassiné et la guerre du Biafra entraîne une terrible famine. Gabriel a fui le Nigéria et vit à San Francisco, au contact de la communauté afro-américaine comme des milieux bohèmes blancs. Dans ces États-Unis très agités des sixties, sa vie d'exil est jalonnée de rencontres, d'escapades et d'errances, mais il reste habité de souvenirs et de la nostalgie du village de son enfance. Bientôt, son visa arrive à expiration...

Relatant les tribulations de Gabriel, jeune Nigérian réfugié, le film reflète les frictions intimes et raciales des tumultueuses années soixante. La mise en scène de David Schickele se mue en une sorte de merveilleuse évidence, grâce à une image d’une somptueuse beauté, un sens du cadrage et du montage très aiguisé, une utilisation virtuose de la musique. Il réussit à mixer un certain cinéma vérité français de la décennie précédente à une sensualité ahurissante, où l’influence et la liberté de filmer de Cassavetes se fait très fortement sentir. La vérité des faits devient ici plus étrange que la fiction, dans ce portrait cinématographique rare, à la fois documentaire et fictionnel, dans son approche des événements réels.

Bushman est un film inédit en France, mais fait plus étonnant encore, dans son pays d’origine, aux USA. Cela tient à ses conditions de production, à l’incident qui interrompit son tournage et retardèrent son achèvement, mais surtout parce que ce film, que nous découvrons aujourd’hui avec émerveillement, était trop déstabilisant pour l’industrie américaine de l’époque. Le racisme ambiant, les turbulences dues au mouvement contestataire et à l’émergence des Black Panthers, la vision qu’il montre à la fois de la bourgeoisie blanche et de la communauté afro-américaine étaient trop à rebours des idées reçues pour être montrable dans les cinémas américains. Ce film étonnant naquit simplement de la rencontre et de l’amitié entre un jeune réalisateur américain blanc et un jeune intellectuel nigérian refugié aux USA, dans ce San Francisco au cœur des mouvements politiques, sociaux et culturels qui vont générer la modernité de l’Amérique des années 70.

- Extraits du dossier de presse

Noir et blanc somptueux, propos politique d’une rare puissance sur les États-Unis mais aussi sur l’Afrique : ce film sur un immigré nigérian dans la Californie des Sixties surprend par sa modernité de ton entre ironie mordante et violence sociale. Paris Match

Bushman doit beaucoup à l'interprétation de Paul Eyam Nzie Okpokam, qui déroute la chronique attendue des errances de la contre-culture vers une réflexion plus profonde sur la solitude de l'exil, l'engagement et la communauté. Les Cahiers du cinéma

Représentatif de ce vent de modernité qui souffle sur le cinéma états-unien de la fin des années soixante par son montage affranchi des conventions classiques et sa liberté de ton, Bushman accroît encore davantage l’importance de ce moment cinématographique qui n’a pas livré tous ses secrets. Il ne s’agit pas là, loin s’en faut, du seul mérite de cette œuvre à découvrir. Culturopoing

Exhumation d’un « incunable » précieux pour sa modernité, Bushman, film inédit de 1971, dû à un cinéaste américain inconnu, David Schickele. Celui-ci met en scène les déambulations d’un jeune Nigérian à San Francisco avec une verve et un sens du réel rares à l’époque. L’Humanité

A la croisée du cinéma-vérité et des fictions contre-culturelles, filmé dans un noir et blanc somptueux, ce témoignage d’époque est une merveilleuse curiosité aux échos très actuels. L’Obs

David Schickele signe un portrait libre et fulgurant d’un jeune intellectuel noir confronté au racisme ordinaire aux Etats-Unis, dans les années 1960. Le Monde

Le tournage de ce bijou en noir et blanc entre cinéma direct et road fiction sera interrompu par l'expulsion de son acteur principal, Paul Okpokam, dont la vie a nourri cet inédit à, vraiment, ne pas manquer. Le Point

Trouvant le chemin des salles plus de cinquante ans après sa réalisation, Bushman bouscule par sa dimension politique et son inventivité formelle, en même temps qu’il interroge la notion de frontière, tant dans son propos que dans sa mise en scène. Les Fiches du cinéma

Donnant l’illusion du direct, Bushman est un conte moderne, âpre et très politique, qui met en lumière, sans aucun pathos, la souffrance de l’exil et l’illusion de l’intégration. Les Inrockuptibles

Rendu à la mémoire cinéphile et politique plus de cinquante ans après sa réalisation, "Bushman" semblait vouloir offrir une leçon poétique sur le réel, mais le réel ne lui a pas fichu la paix, c’est lui qui est venu donner au film une leçon. Libération

Une perle indispensable. Première

A ne rater sous aucun prétexte. Transfuge

BUSHMAN

Un film de David Schickele
Etats-Unis – 1971 - 1h15

L'INVITÉE : ALICE LEROY

Alice Leroy est chercheuse en études visuelles. Ses travaux portent sur les relations entre sciences et esthétique à travers les imaginaires visuels du corps. Elle enseigne l’histoire et l’esthétique du film à Paris et à Lyon, et collabore à la programmation du festival international de films documentaires « Cinéma du Réel » au Centre Pompidou et du festival du film ethnographique au Musée de l’Homme. Elle contribue aussi régulièrement à la revue de cinéma en ligne Débordements.

LES RENCONTRES :

Avec le soutien de l’Agence Nationale
pour le Développement du Cinéma en Régions